peintre et graveur français

Jean Hélion

Jean Hélion est né à Couterne (Orne) dans une famille de petites gens exerçant des métiers divers : un grand-père scieur de long, un autre sabotier, un père cocher de fiacre puis chauffeur, une mère couturière.
Grâce à la perspicacité d’un maître d’école Hélion se vit orienter vers une école d’ingénieur à Lille (L’Institut Industriel du Nord), qu’il quitta assez rapidement pour tenter sa chance à Paris.
Ses goûts et ses lectures le portaient vers la poésie. Mais il dut d’abord passer par un temps d’apprentissage dans un cabinet d’architectes.
Il apprit à tirer des plans et à effectuer des relevés de motifs anciens au Musée du Louvre.
C’est là qu’il découvrit l’univers de la peinture. Choc décisif avec Poussin, Seurat et Philippe de Champaigne.
A partir de ce moment, il devait y consacrer sa vie entière.
Dans les années vingt il travailla la peinture dans un genre figuratif influencé par Soutine.
Ses premiers maîtres furent Torrès-Garcia, puis Mondrian, qui lui firent découvrir la peinture abstraite.
De 1929 à 1939 Hélion entreprit une reconstruction du réel, partant des orthogonales de Mondrian jusqu’à la complexité de ses grandes compositions abstraites (La figure tombée 1939 MNAM-Centre Pompidou).  Avec Theo van Doesburg, Otto Carlsundet et Léon Tutundjian, il crée le groupe Art concret qui devient par la suite Abstraction-Création.
Mobilisé en 1939, prisonnier de guerre en juin 1940, il passe près de deux ans dans des stalags de Silésie et de Poméranie d’où il réussit à s’évader en 1942.

Après la guerre, il reprit ses motifs nés de ses compositions abstraites et, toujours à contre-courant, élabora une figuration originale où des couples sous des parapluies, des nus, des mannequins de vitrines croisaient des personnages hiératiques en chapeau, des gisants rêveurs ou des lecteurs de journaux allégoriques. Cela lui valut plus de dix années de solitude et rejet.
Pendant ce temps, le reste du monde « découvrait » l’abstraction.
Fernand Léger et Christian Zervos l’encouragèrent cependant et quelques amis fidèles soutenaient sa démarche.
Enfin, en 1962, Hélion connût un début de reconnaissance grâce à une exposition à la galerie Louis Carré.
Au cours des vingt années qui suivirent l’œuvre d’Hélion devait trouver peu à peu sa place dans les musées et dans quelques collections, tant en France qu’à l’étranger.
Malgré de graves ennuis de santé, sa production demeura impressionnante (Triptyque du Dragon, 1967 – Triptyque de Mai, 1968-69, le Jugement dernier des choses, 1979, entre autres…).
L’aggravation brutale de l’état de ses yeux obligera Hélion à poser pour toujours ses pinceaux en 1983. Il consacra les dernières années de sa vie à rédiger plusieurs volumes de commentaires autocritiques sur son parcours de peintre entrecoupés de souvenirs (cf. bibliographie).

Jacqueline Hélion

Jean Hélion à travers les années

Les peintures

Autoportrait, 1925 hst 65 x 46 cm-page-001
1925
1925

Les années 20

Il a commencé à peindre vers 1923. Ses premières années sont pour Jean Hélion une période initiatique au gré des rencontres, expose à la Foire aux croûtes à Montmartre.
Il peint les objets de son quotidien, table, verre, bol, bouteilles, pain.
Une certaine influence de la peinture de Soutine peut se lire dans quelques œuvres telle que l’Homme assis de 1928.
1930
1930

Les années 30

Grâce au peintre uruguayen Torrès-Garcia il découvre le cubisme et le surréalisme. Il s’oriente vers la peinture abstraite dès juillet 1929.
En 1930 l’influence de Mondrian va orienter Jean Hélion vers l’abstraction constructiviste (compositions orthogonales).
Le groupe Art Concret fondé avec Théo Van Doesburg, Tutundjan, Carlsund, manifeste une radicalité où l’œuvre d’art doit être entièrement conçue et formée par l’esprit avant son exécution.
Ce groupe devient Abstraction-Création vers 1932, avec Arp, Herbin, Delaunay, Van Doesburg, Kupka, Gleizes, Valmier, Tutundjan.
C’est la période des Equilibres, des Figures, des Compositions, d’Ile de France (1935).
Figure tombée de 1939 clôt la période abstraite.
1943
1943

Les années 40

La fin des années 30 verra Jean Hélion se détacher progressivement de l’abstraction avec Figure tombée 1939, et sa première grande toile figurative Au cycliste 1939.
Au retour de sa captivité en 1943 apparaissent des hommes au chapeau dont Défense d’, des scènes de rue, des hommes assis, L’escalier ou La Belle Estrusque. A rebours et Les Trois nus sont deux œuvres majeures de cette période, dont Jean Hélion dans le « Journal d’un peintre » (5 février 1947) écrit qu’ils lui semblent « les tableaux les plus complets et les plus éclatants que j’ai réalisés. J’aimerais être jugé là-dessus ». En 1948 suivent une trentaine de nus, puis les 6 mannequineries.
1951
1951

Les années 50

Fin 1951 nouvelle période avec une trentaine de « chrysanthème », de géraniums, d’arums, de feuilles de maronniers. Il peint d’après nature et poursuit le réel au plus près tel qu’on peut le voir avec L’atelier, Le Goûter et Odalisque à l’atelier. A Belle-Ile d’autres motifs sur le réel ne manquent pas, Le Grand Brabant, Port-Coton.
1963
1963

Les années 60

Hélion se passionne pour le spectacle de la rue. Les boucheries, les porteurs de viande, les passants, les vitrines et étals remplissent les tableaux de ces années. Il se rend au cirque et peint les clowns. Les événements de Mai suscitent un vif intérêt de la part de Jean Hélion.
1982
1982

Les années 70-83

Cette dernière période de Jean Hélion se présente comme une allégorie moderne de l’univers du peintre.
Il écrit : « Je dessine avec ma connaissance, je colore avec ma passion, je compose avec le songe »(Carnets, 1er mars1974).
Il reprend ses objets et thèmes précédents dans une mise en scène à rebours telle une fin de parcours du cycle Hélion. La Ville est un songe, Relevé de la figure tombée, le Jugement dernier des choses illustrent bien cet aboutissement de l’œuvre de l’artiste.